Le congrès francophone sur la maladie d’Alzheimer s’est tenu à Lyon
Le congrès francophone sur la maladie d’Alzheimer s’est tenu à Lyon autour de quelques bonnes nouvelles, même si les médicaments ne sont pas encore pour demain.
Combien de malades ?
500 000 malades sont diagnostiqués en France, mais on estime à plus de 850 000 le nombre de personnes touchées par la maladie d’Alzheimer. Un malade sur deux ne serait pas diagnostiqué, selon le Pr Jean-François Dartigues, épidémiologiste au CHU de Bordeaux. Il s’agit surtout de patients évoluant lentement ou qui sont très âgés. « Tant qu’il n’y a pas de gêne pour l’entourage, on considère que la personne n’est pas démente ou qu’il est normal de perdre la tête avec l’âge », précise le Pr Dartigues.
Questions autour du diagnostic précoce
Des questions éthiques restent aussi posées autour du diagnostic précoce de la maladie dans la mesure où aucun médicament ne la traite. Les neurologues le justifient, mais « il ne s’agit pas de traiter des malades asymptomatiques comme aux États-Unis », souligne le Pr Mathieu Ceccaldi, neurologue au CHU de Marseille.
Un tiers des plus de 75 ans ont des plaques amyloïdes, l’un des biomarqueurs de la maladie : certains sont malades et d’autres ne le seront jamais. Ainsi, le diagnostic doit être « pour les personnes qui ont une plainte », précise le Pr Mathieu pour qui la priorité est d’homogénéiser les pratiques des 400 consultations mémoires.
« Diagnostic précoce, cela veut dire prise en charge précoce : éviter les médicaments néfastes, proposer des soins non médicamenteux comme les ateliers mémoire, la musicothérapie, le jeu… Cela permet de parler des directives anticipées et d’accéder aux essais thérapeutiques, ce qui est primordial pour les patients souffrant d’une maladie incurable », explique le Pr Pierre Krolak-Salmon, neurologue au CHU de Lyon et coorganisateur du Congrès francophone sur la maladie d’Alzheimer.
Médicaments : des espoirs, mais…
Alors que les essais sur les malades aux stades avancés ont été des échecs, des espoirs arrivent avec les essais sur les malades en stade précoce. Une cinquantaine de molécules sont testées en phase II et une douzaine en phase II/III. « On n’a jamais été aussi près d’avoir des essais positifs : on voit un ralentissement de la maladie sur le plan cognitif. Mais est-ce que ces bénéfices seront jugés suffisants ? On est face à plusieurs problèmes : d’abord, il ne faudra sans doute pas un, mais plusieurs médicaments. Ensuite, ils seront très chers et mal tolérés - l’anticorps le plus prometteur a 30 % d’effets secondaires - ce qui limitera leur utilisation et ils nécessiteront la création de structures spécifiques », prévient le Dr Pierre-Jean Ousset, médecin investigateur au CHU de Toulouse pour qui « la voie d’avenir » est l’intervention au stade « hyper-précoce », dans la prévention de la maladie.
Un risque en baisse
Sur ce point, la force des facteurs environnementaux protecteurs - comme l’activité physique et intellectuelle - se confirme. Plusieurs études vont dans le même sens : le risque d’avoir la maladie est en baisse - en moyenne de 20 %, à âge égal. « Clairement, le bien vieillir fait reculer le vieillissement et donc la maladie », explique le Pr Jean-François Dartigues. La banque des cerveaux de Vienne a ainsi constaté que la quantité de lésions typiques d’Alzheimer a baissé de 30 % en vingt ans dans les cerveaux des personnes non démentes tandis qu’une étude sur des agriculteurs a montré un recul de la maladie de 30 % en vingt ans à âge égal. « À la fin des années 80, la moitié des agriculteurs avaient des toilettes au fond du jardin et ne bougeaient pas de chez eux. En vingt ans, ce qui a changé c’est la socialisation, le confort de vie, l’accès aux soins, les attentes des gens sur la vie… », remarque le Pr Dartigues. Jouer au bridge, randonner, partir en croisière ou sortir avec des amis restent encore les moyens les plus simples de prévenir la maladie.
SYLVIE MONTARON - ARTICLE LE PROGRES DU 12/06/2016
le Pr Pierre Krolak-Salmon, neurologue au CHU de Lyon et coorganisateur du Congrès francophone sur la maladie d’Alzheimer, animera la conférence de lancement de la SEMAINE BLEUE 2016 organisée par le CCA6 , le vendredi 30 septembre 2016 à l'Espace Associatif Simone André. le thème en sera " J AI LA MEMOIRE QUI FLANCHE ! " Prévenir les troubles , entretenir sa mémoire.